Les différents moyens pour investir auprès d’une PME/TPE

Crowdfunding
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Les différents moyens pour investir auprès d’une PME/TPE

Ces dernières années, avec le boom de la FinTech et des solutions de financement désintermédiées, les entreprises ont découvert de nouveaux canaux de développement grâce à la finance participative qui permet de générer des liens directs entre les porteurs de projets concrets et des investisseurs particuliers. Différentes branches se sont formées au sein de cette nouvelle pratique, 100% en ligne, notamment en fonction des types de rémunération perçues par les investisseurs. On parle en général du crowdfunding ou financement participatif mais pour plus de précisions il faut distinguer trois systèmes : le crowdlending, le crowdfunding et le crowdequity. Ces trois possibilités permettent aux PME/TPE de trouver des solutions de financement soit pour des projets spécifiques, soit pour leur développement global. Elles se distinguent cependant par les montages juridiques adoptés, par la nature de la rémunération accordée aux investisseurs ou encore par le type de titre financier émis.

Aujourd’hui les investisseurs recherchent de plus en plus, au-delà de la rentabilité pure, des placements concrets et ancrés dans l’économie réelle de leur pays ou région, d’un secteur en particulier ou au côté d’entreprises qui proposent des solutions innovantes. Petit point sur les trois grandes voies de la finance participative qui permettent aux particuliers d’investir auprès d’une PME/TPE.

Crowdlending : le prêt rémunéré aux entreprises en remplacement des banques

Le crowdlending est un prêt rémunéré, à l’image d’un prêt bancaire classique, contracté par une entreprise non cotée, pour un projet spécifique ou pour son développement en général. La différence est que ce prêt est participatif, c’est-à-dire qu’il est contracté auprès de plusieurs investisseurs particuliers et non d’un établissement bancaire.

S’agissant d’un crédit, le financement peut être fait sous la forme d’un contrat de prêts, de minibons ou encore d’émissions obligataires. A la différence du financement de startups (dont on parlera plus tard), dans le cadre du crowdlending, les entreprises financées ont déjà un historique et une capacité d’endettement vérifiée. Le risque du prêt étant supporté par les particuliers souscripteurs qui joue le rôle d’un établissement bancaire, il est important que ces PME/TPE offre un minimum de lisibilité quant à leur chiffre d’affaires des dernières années, leurs bilans comptables…

L’avantage premier pour les entreprises est la mise à disposition extrêmement rapide des fonds recherchés et une réactivité de la part des plateformes intermédiaires. Elles bénéficient également de la communication et de la notoriété des plateformes qui mettront en avant leur société ou le projet en question. En contrepartie, les taux d’intérêts des prêts sont plus élevés que ceux pratiqués par les banques, aux alentours de 6 à 8% en moyenne. Ce qui se justifie par le risque supporté par les particuliers qui viennent remplacer un établissement bancaire et qui toucheront ainsi mensuellement les échéances du remboursement du crédit.

121 millions d’euros ont ainsi été prêtés en 2017 à des PME/TPE pour un taux moyen de 7,2% et sur une durée moyenne de 40 mois pour financer près de 700 projets sur un ensemble de 18 plateformes[1]. A fin novembre, le montant total prêté s’élevait à 133,2 millions d’euros pour 2018, ce qui prouve que les entreprises continuent de solliciter cette alternative aux circuits bancaires traditionnels.

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L’investissement participatif en capital ou crowdequity

Les particuliers peuvent également choisir d’investir dans des entreprises via un montage tout à fait différent et plus risqué qui est le crowdequity qui est un investissement participatif direct au capital de la société en besoin de fonds. Ainsi le support d’investissement est tout à fait différent du crowdlending qui reposait sur un outil de type dette. Dans ce montage financier, les particuliers ou institutionnels qui investissent vont détenir des parts du capital de l’entreprise en question. Ils sont donc actionnaires et non plus de simples créanciers. Les risques et modalités sont ainsi très différents.

Dans la majeure partie des cas, les entreprises concernées sont des startups (tous secteurs confondus) qui sont à la recherche de fonds pour amorcer leur activité. C’est en effet une solution très intéressante pour ces jeunes sociétés qui n’ont pas réussie ou ne souhaite pas lever du capital auprès de banques ou de business-angels. Pour les investisseurs, le risque est de fait assez important. Tout d’abord, la société n’a généralement pas encore terminé un exercice annuel et ne génère pas encore de chiffre d’affaires. Ensuite le support d’investissement même implique une maîtrise différente des risques. Pour le crowdlending, nous sommes sur un outil type dette avec un contrat établi entre l’investisseur et l’entreprise contractant le crédit. Dans ce contrat le taux d’intérêt supporté par le particulier est fixé ainsi que l’échéancier des remboursements. En revanche, en crowdequity, le taux n’est pas contractuel. Il dépend de l’évolution de la société, du marché, des choix stratégiques de développement. Idem pour l’horizon qui n’est pas fixé en amont non plus et qui est généralement plus long que d’autres branches du crowdfunding. Il existe bien sûr des outils juridiques pour protéger au mieux les investisseurs contre ces points volatiles, comme la rédaction d’un pacte d’actionnaire.

Concrètement le remboursement des actionnaires pour un investissement en crowdequity intervient lorsque la société est rachetée par un tiers ou si les fondateurs rachètent eux-mêmes les parts des actionnaires pour récupérer leur capital total. Des clauses peuvent cependant être mises en place afin de réduire ou limiter l’illiquidité des investisseurs. En termes de fiscalité, la suppression de l’ISF a provoqué une certaine incertitude quant à l’avenir et l’attrait du crowdequity. En effet, la réduction de 50% permise par la loi TEPA n’est plus d’actualité avec l’IFI.

Financer des projets spécifiques via le crowdfunding aux côtés des banques

Il existe un troisième moyen d’investir dans une PME/TPE et de participer au financement d’un projet donné ou au développement général d’une entreprise. Il s’agit du crowdfunding, une voie entre crowdlending et crowdequity. Il ne s’agit pas d’un prêt participatif comme le crowdlending, mais bien d’un investissement avec rémunération sous la forme d’une souscription à des titres financiers, qui sont en majorité des obligations et très rarement des actions. Mais les investisseurs ne prennent pas part au capital comme pour le crowdequity. Ils ne sont jamais actionnaires de l’entreprise ou du véhicule d’investissement porteur du projet concerné.

Il existe aujourd’hui un grand nombre de plateformes proposant cette possibilité d’investissement participatif sous la forme d’obligations. Certaines se sont spécialisées selon la nature des projets et le secteur économique concerné. Par exemple, on assiste depuis deux ans à l’apparition de plateformes dédiées aux énergies renouvelables ou aux projets correspondants au label « financement participatif pour la croissance verte ». L’immobilier est le secteur qui concentre aujourd’hui la plus grosse part des montants levés en obligations en crowdfunding. Le principe est simple : des acteurs de la promotion immobilière (promoteurs, marchand de biens, aménageurs fonciers) en besoin de fonds propres pour réaliser des opérations spécifiques viennent proposer leurs projets aux investisseurs. Tout comme le prêt participatif (crowdlending), les taux et durées sont fixés contractuellement. Par contre, s’agissant d’obligations, le capital et les intérêts sont remboursés in fine. Il n’y a pas d’échéancier de remboursement. Les taux vont de 7 à 10% selon le risque associé à l’opération et les durées n’excèdent généralement pas 24 mois. De plus, le crowdfunding immobilier ne vient pas remplacer le rôle des banques mais se pose en solution de complément pour les entreprises. Le crédit bancaire est souvent d’ailleurs un critère de sélection des plateformes au cours de l’audit des dossiers.

 

La finance participative dans son ensemble existe depuis déjà des décennies, voire encore plus si l’on considère le don et le mécénat comme les premières expressions modernes de ce type de financement collaboratif. La mise en place du cadre réglementaire en 2014 avec notamment l’autorisation pour des organismes non-bancaires d’octroyer des prêts a permis de stopper le monopole des établissements financiers spécialisés et bancaires. De nombreuses plateformes ont alors fleuri permettant ainsi à des investisseurs particuliers d’investir dans des PME/TPE ou startups sans intermédiaires sous la forme de prêts, de participation directe en capital ou encore sous forme d’investissement obligataire dans des projets spécifiques. Entreprises et investisseurs y trouvent leur compte que ce soit en termes de rentabilité, de réactivité, de conviction… Il convient cependant de bien réfléchir au moyen qui correspond le plus à notre besoin ou à notre appétence risque avant de choisir le crowdlending, crowdequity ou crowdfunding pour investir auprès d’une PME/TPE et de toujours diversifier au maximum ses placements.


 

[1] https://www.crowdlending.fr/barometre-du-crowdlending-entreprise-de-decembre-2017/

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